La nouvelle route 132

Par Marcel Auclair

17 décembre 2020

Dans le Pierre-Brillant de décembre 2020 qui sort aujourd'hui on a modifié mon article en supprimant des bouts de phrase que je trouvais essentiels pour comprendre la situation du temps. Alors je vous le présente intégralement sur ce site pour que vous ayez la bonne version. Dans le texte original je ne nommais pas le maire qui m'a précédé. C'est Gérard Morin. Il n'y a aucune chance que ça froisse sa descendance.

 

La nouvelle route 132

J’ai été élu maire de Val-Brillant en novembre 1983. Au tout début de janvier 1984, j’ai rencontré le député de la Matapédia du temps Léopold Marquis. Il fallait absolument rétablir les liens de la municipalité avec le député. Le maire qui m’avait précédé avait considérablement gâché les relations entre la municipalité et le député.

 

L’entrevue portait sur des dossiers municipaux en cours et sur la réflexion de la route 132 à l’ouest du village. Il faut se rappeler que la presque totalité du nouveau parcours se situait dans la municipalité de Saint-Pierre-du-lac, les deux municipalités n’étant pas encore fusionnées. J’ai demandé à notre député d’inscrire ce tronçon de la route aux travaux à réaliser dans les prochaines années. Et Léopold m’a répondu : « Ça va être fait dans les 3 ou 4 années à venir ». En janvier 2020, après 36 ans, une partie des travaux était réalisé.

 

Un jour le ministère des transports nous a présenté le plan A et le plan B et nous a demandé de choisir. Après il y a eu le BAPE auquel j’ai participé avec un mémoire. Il y a eu de l’opposition au tracé B. Et après plusieurs années de tiraillement, le ministère des transports a annoncé le projet. La route passerait sous un nouveau pont que le CN construirait.

 

Enfin à l’automne 2017, les travaux commencèrent. Le CN mandata une compagnie pour construire l’assise de la voie de contournement. On enleva la terre arable et fit l’assise en concassé. Sur le bord du lac, on aménagea les canaux qui devront acheminer l’eau de surface de la nouvelle route vers le lac. On sait qu’il va y avoir un bassin de rétention de cette eau mais on n’a pas touché à ces travaux en 2017. Et l’hiver arriva!

 

Au printemps 2018, le CN posa les limons et les rails sur la voie de contournement, coupa la voie principale. Ainsi le train pouvait désormais emprunter le contournement. Et les travaux commencèrent. Les rails furent enlevés sur le chantier et on débuta l’excavation du trou pour passer la route et pour construire le pont. En même temps on assura une canalisation d’eau qui part de sous les assises du pont et qui traverse la 132 jusqu’au champ où sera construit le bassin de rétention.

 

Ces travaux d’excavation et la construction des bases du pont prirent tout l’été et l’automne 2018. Comme ce pont a une estacade du côté ouest assez longue, (une longue jetée avant d’arriver au pont en tant que tel), les bases de ciment demandèrent passablement d’ouvrage. Avant que l’hiver commence, on ferma le chantier.

 

Au printemps 2019, on commença à construire l’estacade et le pont. D’abord l’estacade du côté ouest et l’approche du côté est. Quand ces deux parties furent finalisées, on monta le coffrage de tout le pont. Plusieurs semaines de construction des caissons qui devaient recevoir le ciment. J’ai été intrigué par le temps que cela a pris pour installer les coffres mais après construction, les piliers et les murs ont des motifs décoratifs qui ont été faits dans le ciment et qui embellissent la structure du pont.

 

Une journée d’octobre 2019, on coula le pont. Plusieurs pompes à ciment, plusieurs camions à ciment ont assuré que le coulage du pont se ferait en une seule journée. On débuta à 6h30 du matin et les derniers mètres cubes de ciment furent coulés un peu passé 20h30. La mère d’un ouvrier qui a travaillé cette journée-là m’a dit que les employés n’ont pas dîné ni souper. Mais les gars étaient fiers des résultats.

 

Quand le ciment a été bien pris, on a démonté les échafauds qui soutenaient toute la structure, construit la voie ferrée sur le pont. Et ainsi le 5 novembre, on a coupé la voie de contournement et relié les voies du pont au réseau. Le train pouvait désormais passer sur le nouveau pont. Ainsi le 5 au soir vers 20h45, un train s’engagea sur le nouveau pont d’ouest en est. À la vitesse de 10Km/h, on a pu le voir rouler sur l’estacade pour ensuite traverser le pont. On avait même un éclairage dirigé vers le pont. Et ce n’est pas la pluie froide qui tombait qui nous aurait empêché de mettre sur pellicule ce moment historique.

 

Jusqu’à la fin de novembre, on démonta la voie de contournement, agrandi le trou. Le chantier ferma à la fin de novembre. Au printemps 2020, le CN effectua des travaux sur son pont. On y passa une jet de sable, mis un enduit sur le pont et la compagnie Bell, qui a un câble de fibre optique tout le long de la voie ferrée, vint démonter la ligne temporaire qui contournait le chantier et passer son câble dans le tuyau prévu dans la structure du nouveau pont. On nous a alors dit que le contrat pour la construction de la route serait accordé bientôt. Plusieurs pensaient que ce serait l’entreprise Claveau, celle même qui avait travaillé à l’excavation du pont, qui aurait la charge de la construction.

 

Le contrat pour la route fut donné à Entreprise PEC de Bonaventure, compagnie spécialisée dans l’excavation, travaux routiers et maritimes. Le 17 août, la compagnie installa ses roulottes de chantier, apporta sa machinerie et enfin commença les travaux. Du nouveau pont jusqu’au ruisseau D’Astous (Normand) la machinerie de la compagnie s’attaqua à excaver la pente près du pont, à enlever des tonnes et des tonnes de terre, de pierres, à tracer le nouveau parcours, à installer les canalisations d’eau de surface et creuser le bassin de rétention pas tellement loin du pont.

 

Il y eu jusqu’à 7 pelles mécaniques, 4 camions hors route et toutes sortes d’autres machines comme des rouleaux compresseurs, bacots, loaders, etc… Toute une organisation qui fonctionnait comme une horloge. Un travail bien fait! Aujourd’hui nous pouvons constater l’ampleur de la tâche. Mais ce n’est pas fini. Au moment où j’écris ces lignes, le chantier n’est pas encore fermé. Un responsable du chantier m’a dit qu’il fermerait à la fin de novembre à moins d’une température exceptionnellement belle.

 

Au printemps 2021, les travaux vont reprendre en y ajoutant, dans la partie ouest, le tronçon qui part de chez Gaston Turcotte et qui va aboutir au pont et dans la partie Est la suite du chantier actuel jusqu’à la route Lauzier. Sur chacun de ces tronçons, il y a un pont à construire : l’un voisin de la maison à Gaston Turcotte (en fait c’est son fils qui y habite) et l’un voisin de la maison à Jean-Guy Michaud (ruisseau D’Astous) sur la 132 actuelle. De plus une partie de la 132 deviendra la rue des Cèdres et sera réparée.

 

Il ne faudrait pas s’attendre à passer sur cette nouvelle route avant l’automne 2021 et peut-être plus tard. Cependant nous allons avoir notre belle route!

 

Marcel Auclair